Le thème révolutionnaire connaît son apogée chez l’artiste avec le cycle de « la Guerre des Paysans ».
C’est la galerie d’art d’Emil Richter de Dresde qui va acquérir l’exclusivité du droit de vente pour cette série dont la diffusion a nettement contribué à faire connaître Käthe Kollwitz. Entre 1908 et 1910, Emil Richter va acquérir le droit exclusif d’éditer toutes les nouvelles créations de l’artiste.
Käthe Kollwitz reçut le prix Villa-Romana institué par Max Klinger pour son deuxième cycle « La Guerre des Paysans » (1901-1908) pour le compte de la fondation d’art « Verbindung für historische Kunst » (association de l’art historique). La trame du cycle est assez similaire au cycle « La Révolte des Tisserands ». Elle trouve son origine dans l’oppression et le déni des droits des paysans.
Käthe Kollwitz en témoigne par le premier feuillet « Laboureurs » qui montre un père et son fils attelés à la charrue comme des bêtes de somme, et par le deuxième « Violée » centré sur une paysanne violentée, étendue dans son potager dévasté. Les plantes piétinées et saccagées – le rendu détaillé de la nature est singulière dans l’œuvre de Käthe Kollwitz – symbolisent la vie anéantie de la femme.
Le troisième feuillet « Battant la Faux » thématise la décision mûrie de résister, de manière analogue au cycle «La Révolte des Tisserands ». Cette décision est incarnée par une femme seule qui bat sa faux pour l’aiguiser, geste lourd de sens.
Avec « Armement sous une Voûte » se prépare la révolte qui trouve son apogée dans « Soulèvement ». La femme qui galvanise les paysans est la « Métayère noire » (Schwarze Anna) que Käthe Kollwitz reprit d’une figure historique avérée durant la révolte paysanne.
Le cycle s’achève ensuite, comme celui des tisserands, sur l’effondrement du soulèvement mis en scène dans les deux derniers feuillets : la nuit qui suit l’affrontement, une femme cherche son fils tombé parmi les morts sur le « Champ de Bataille », à la lueur d’une lanterne. « Les Prisonniers », les paysans rassemblés et entravés, attendent leur exécution.
Les Laboureurs, feuillet 1 du cycle „La Guerre des Paysans”, 1907, gravure au trait, pointe sèche, aquatinte, reservage, émeri, paquet d’aiguilles et vernis mou avec impression sur papier Ziegler à réimpression, Kn 99 (Kl 94 IX b) © VG Bild-Kunst, Bonn 2005
Violée, feuillet 2 du cycle „La Guerre des Paysans”, 1907/08, gravure au trait, pointe sèche, émeri, reservage ainsi que vernis mou avec avec impression sur étoffe et papier Ziegler à réimpression, Kn 101 (Kl 97) © VG Bild-Kunst, Bonn 2005
Battant la Faux, feuillet 3 du cycle „La Guerre des Paysans”, 1905, gravure au trait, pointe sèche, émeri, aquatinte ainsi que vernis mou avec impression sur papier à la cuve et papier Ziegler à réimpression, Kn 88 X b (Kl 90 IX) © VG Bild-Kunst, Bonn 2005
Armement sous une Voûte, feuillet 4 du cycle „La Guerre des Paysans”, 1906, eau forte bicolore avec gravure au trait, pointe sèche, aquatinte et vernis mou avec impression sur papier Ziegler à réimpression, Kn 96 (Kl 95) © VG Bild-Kunst, Bonn 2005
Käthe Kollwitz, Soulèvement, feuillet 5 du cycle de « La Guerre des Paysans », 1902/03, gravure au trait, pointe sèche, aquatinte, réservage vernis mou et report avec impression de deux étoffes et papier transfert, Kn 70 (Kl 66) © VG Bild-Kunst, Bonn 2005
Champ de Bataille, feuillet 6 du cycle „La Guerre des Paysans”, 1907, gravure au trait, pointe sèche, aquatinte, émeri ainsi que vernis mou avec impression sur papier à la cuve structuré et papier Ziegler à réimpression, Kn 100 (Kl 96) © VG Bild-Kunst, Bonn 2005
Les Prisonniers, feuillet 7 du cycle „La Guerre des Paysans”, 1908, cliché au trait, pointe sèche, émeri, vernis mou avec impression sur étoffe et papier Ziegler à réimpression, Kn 102 (Kl 98) © VG Bild-Kunst, Bonn 2005
Maryse Magnier